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Premières rencontres à Anabta

Publié le lundi 8 avril 2013

Ce lundi 8 avril, Maxime, Marine, Sonia et Romain se sont rendus à Anabta pour rencontrer le maire et voir les infrastructures. Cinq jours après le décès de deux jeunes tués par des soldats israéliens et trois mois après des inondations importantes, la ville semble avoir repris son rythme « normal ». Mais les traces de deux événements restent indélébiles.

Rencontre avec le maire.

Les volontaires pénètrent dans le bureau de Salah Najeed, maire d’Anabta depuis octobre, accompagné par Khaled Hanoon, conseiller municipal à l’international. On peut voir des autocollants qui rappellent l’amitié entre Anbata et Bouguenais, au milieu de photos de la ville et des portraits de Yasser Arafat et Mahmoud Abbas.

Les jeunes Français demandent quelle est la situation ici après la mort de deux jeunes originaires d’Anabta, tués par des soldats israéliens le mercredi 3 avril à un checkpoint des alentours. Le maire répond que la vie « est redevenue normale ici, plus ou moins. Nous sommes comme des Vietnamiens, nous travaillons le jour et nous nous battons la nuit, mais de manière pacifique.  » Les murs de la commune sont placardés d’affiches avec les photos des martyrs, ce qui rappelle qu’il y a quelques jours, les rues étaient noires de monde lorsque les corps ont été transportés jusqu’à la mosquée.

Le maire souhaite que Maxime et Marine – les volontaires de Bouguenais - participent à la vie de la municipalité, notamment avec les jeunes du conseil municipal. Les deux volontaires énoncent également leur désir de travailler avec des associations de la commune et faire coopérer les associations bouguenaisiennes avec celles d’Anabta. En plus de cinq organisations connues de Bouguenais, le maire précise que de « nombreuses autres associations existent et méritent une visite. » La liste de ces associations sera donné au prochain rendez-vous. Les conseillers municipaux voudraient que chaque association se focalise sur une seule activité : «  elles seront plus efficaces si elles se spécialisent  » précise Khaled. Ils sont également intéressés par deux « gros projets » : développer des associations qui s’occupent des personnes âgées, des handicapés et des jeunes qui « ne suscitaient pas trop d’intérêts par le passé », et créer des jardins et centres spécialisés sur les terrains qui appartiennent à la municipalité. Il donne l’exemple de « jardin scientifique  » où les habitants pourraient faire des expériences scientifiques.

Les jeunes.

Deux personnes du conseil municipal des jeunes arrivent dans le bureau du maire. L’occasion de discuter de la jeunesse d’Anabta. La commune de 9000 habitants comporte 70% d’habitants en dessous de 25 ans. 2 000 sont à l’école (primaire au lycée) et 800 sont des étudiants. Anabta est connue pour son fort taux de jeunes diplômés mais aussi pour son chômage. Il n’y a pas d’opportunité pour créer de l’emploi ici et les jeunes partent dans d’autres villes ou à l’étranger pour travailler. Le maire annonce que 35 000 personnes originaires d’Anabta vivent en dehors de la ville, depuis la Naqba de 1948.

Le conseil municipal des jeunes comportent environ treize membres qui se réunissent tous les samedis matin. Ils se focalisent sur les activités liés aux jeunes, «  la clé du futur  » selon le maire, et ont eu un rôle important dans la création de signaux routiers. Ils participent parfois à des discussions avec le conseil municipal et ont leur propre salle au sein même de la Mairie.

Les femmes.

Le rôle des femmes est important à Anabta. Le conseil municipal comporte trois femmes et elles sont considérées égales aux hommes. Le maire précise même qu’il ne fait rien « sans demander l’avis de sa femme. »

Les volontaires se rendent alors au Centre des Femmes « Women Charitable Committee  », dont la présidente est Etaf Qubaj. Ils n’ont pas l’occasion de la rencontrer mais ils passent dans chaque classe du kindergarten pour voir les tout petits. Ils voient également les salles où ont lieu les activités pour les femmes.

L’éducation.

Anabta comporte deux collèges-lycées, un pour les filles, un pour les garçons, et trois écoles primaires.

Les volontaires visitent le lycée pour filles situé à côté du Centre des Femmes. 394 élèves étudient dans ce lycée, de l’âge de 14 à 20 ans. Il est divisé en trois sections, un peu comme en France : les sciences, la littérature et le professionnel (informatique, comptabilité, secrétariat etc.). 34 professeurs y travaillent ainsi qu’une documentaliste, les secrétaires et deux gardiens. La directrice est fière d’annoncer que l’année dernière, 25% des candidates au bac ont eu un A+ et que le lycée fut 4ème au rang national, filles et garçons compris. Il arrive parfois que le taux de réussite au bac soit de 100%.

Lors de la visite des salles, les volontaires sont étonnés par les cours et activités proposées : le labo de chimie, de physique, la salle informatique…Et même une bibliothèque où les jeunes peuvent annoncer l’actualité tous les matins avec un micro mis à disposition et des haut-parleurs qui donnent sur la cour.

La santé.

Après le lycée, c’est au tour de l’hôpital du Croissant Rouge de Palestine d’être visité. Il est financé par l’Autorité Palestinienne et des aides internationales. 17 volontaires y travaillent et l’hôpital comporte un dentiste, un médecin général, un orthophoniste (de temps en temps) et une section ophtalmologie, la seule de la région. Les volontaires animent également des activités pour les enfants qui ont des besoins spécifiques. Il n’y a pas d’ambulance, seulement à Tulkarem, et c’est pour cela qu’il fut difficile de ramener des ambulances dans la ville lors des inondations.

Les martyrs.

Un volontaire entre dans la pièce, les larmes aux yeux. Il est présenté comme le grand frère d’un des quatre jeunes qui était au checkpoint, lorsque deux d’entre eux se sont fait tirés dessus. Son frère a été emprisonné. L’autre adolescent s’est enfuit et a pu prévenir les secours. Les tirs ont eu lieu aux alentours de 22h. L’ambulance n’a été autorisée à passer qu’à 4h du matin pour les emmener à l’hôpital de Tulkarem. Un des volontaires explique que les soldats israéliens auraient pris des photos des jeunes en train d’agoniser.

Les inondations.

En janvier 2013, Anabta a subit d’énormes inondations qui ont causé la mort de deux jeunes femmes. Vingt centimètres de pluie sont tombés en quatre jours, ce qui est exceptionnel en Palestine. Le maire annonce qu’il « remercie la Ville de Bouguenais pour son soutien. Les inondations sont assez fréquentes, mais c’est la première fois que je vois ça ici, et j’ai 65 ans. » Il rajoute qu’ils sont « chanceux » que ce soit arrivé le jour, ce qui a permis d’éviter plus de dégâts.

Et les dégâts sont importants, ce que les volontaires voient de leurs propres yeux. Les infrastructures et les habitations ont été sérieusement endommagées. L’eau est montée à plus de deux mètres dans certains endroits ce qui a cassé la route et amassés des pierres énormes, des déchets et des branches. « Anabta était comme un lac, explique le maire, toutes les routes étaient coupées et aucune aide de l’extérieur pouvait rejoindre la ville. »

Malgré tout, l’effort solidaire des habitants a permis de réparer la plupart des dégâts assez rapidement.

La rencontre se termine par un repas de roi dans un jardin sur les hauteurs d’Anabta, avec vue sur le centre-ville. Les jeunes veulent inviter Marine et Maxime chez eux et leur faire aimer leur petite ville, si belle et si active.

Maxime et Marine

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