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Deuxième jour à Anabta

Publié le dimanche 21 avril 2013

Le mercredi 17 avril, Maxime et Marine sont retournés dans la ville jumelée avec Bouguenais pour mieux connaître les membres du conseil des jeunes et voir d’autres associations.

Remerciements du maire.

Le maire d’Anabta remercie la mairie de Bouguenais pour avoir envoyé une lettre de soutien aux familles de deux jeunes tués début avril. Il la remercie aussi pour avoir envoyé une lettre à l’ambassade d’Israël en France. Un des jeunes présents, Ahmed, part à Bouguenais le 21 avril pour une formation d’entraîneur de football.

La bibliothèque publique.

En compagnie de membres du conseil des jeunes, Ala’, Nasser et Alaa, les deux volontaires visitent la bibliothèque publique, située dans la mairie. Afaf, qui fait aussi partie de l’association des femmes d’Anabta (Women Charitable Committee), les accueillent gentiment. Des enfants regardent un court film sur la culture palestinienne mais restent intrigués par les deux visiteurs. La bibliothèque accueille souvent des classes pour leur faire des lectures, regarder des films ou faire des activités artistiques avec les enfants. On peut y voir des ordinateurs et des livres en français et arabe offerts par la municipalité de Bouguenais.

Le principal problème auquel font face les employé-e-s est que beaucoup de personnes ne rendent pas les livres. Un logiciel est d’ailleurs en train d’être mis en place pour enregistrer les livres et ceux qui les empruntent.

Le conseil des jeunes.

Une petite pièce colorée de la mairie est réservée aux activités du conseil des jeunes. On peut y voir les pots de peintures qui servent à peindre les trottoirs et faire des signaux routiers. Le pochoir d’un des deux martyrs a été réalisé par un des membres et il est possible de le voir sur les murs des écoles. Ils font aussi des décorations en céramiques sur les murs de la ville, financées par US Aid.

Le conseil des jeunes a aussi d’autres « gros » projets. L’un d’entre eux est de reconstruire les anciennes habitations du vieux centre. On peut remarquer que la vieille ville d’Anabta a énormément de cachet mais que les bâtiments sont à moitié détruits. Le mois prochain, les jeunes ont décidés de créer un évènement pour sensibiliser les habitants sur ce problème et sur l’histoire de leur ville.

Un autre projet est de réhabiliter le parc municipal, situé à proximité du Club de sportif d’Anabta. Ils ont environ 2000 $ pour rénover les infrastructures, planter des fleurs et lui redonner une nouvelle vie.

Le conseil des jeunes a également une page Facebook pour communiquer entre eux et parler des projets et activités.

Women’s House (la Maison des Femmes)

En plus du Centre des Femmes, la ville comporte deux autres projets avec des femmes. L’un d’entre eux a été créée en décembre 2012 par Jihad Sabboubeh : Women’s House. Il s’agit d’un projet financé par UN Women pendant un an et demi et qui s’adresse « aux femmes de 14 à…100 ans peut-être !  » s’exclame Jihad. Pour le moment, les locaux de l’association sont dans le Centre des Femmes en attendant de trouver un autre endroit.

Pour Jihad, le principal objectif est de créer un espace pour les femmes, car « dans les pays arabes, il y a peu de places accessibles aux femmes à l’extérieur. » Elles y font des activités comme le yoga, de l’informatique, du théâtre, le tout à des prix accessibles. Par exemple, le yoga coûte 30 shekels par mois (environ 6 euros). Il y a environ 15 inscrites au yoga et 35 jeunes filles au théâtre.

Le projet propose aussi des ateliers de communication et des discussions sur les droits des femmes. Une avocate et des assistantes sont souvent présentes pour donner des conseils si une femme rencontre des problèmes.

Jihad a 54 ans, les cheveux courts et une cigarette au bout des lèvres. Elle est originaire de Al-Walajah, a vécu en Jordanie et s’est mariée à un homme d’Anabta. Pendant 7 ans, elle a travaillé pour une association de femmes à Tulkarem. « Women’s House » est son rêve, qu’elle a pu réaliser grâce à un appel à projets financés par UN Women. Pour le moment, les activités ne sont pas très «  actives », mais ce n’est pas le cas de la page Facebook de l’association par laquelle les femmes communiquent entre elles. Ce n’est que le début, car Jihad compte rassembler des femmes d’Anabta et des villages alentours mercredi prochain. Le 14 février, elle avait déjà organisé un festival près de Tulkarem pour parler de la situation des femmes et présenter le projet. Plus de 200 femmes étaient présentes, mais aussi beaucoup d’hommes.

Jihad parle de la situation des femmes en Palestine et de ce qu’est être une femme ici : «  Les femmes doivent subir l’occupation israélienne, comme les hommes, mais elles doivent aussi subir les pressions de la société palestinienne.  » Elle précise que les femmes palestiniennes sont très nombreuses à aller à l’université, peut-être plus que les hommes, mais qu’elles ne peuvent pas fréquenter tous les endroits. « Comparée à d’autres femmes, je suis libre » dit-elle. Elle fait ce qu’elle veut, mais elle « ne fait pas confiance en la société qui considère encore la femme comme faible. J’ai toujours dit à mon fils et à ma fille qu’ils étaient pareils, mais la société ne veut pas faire de ma fille une femme libre.  » C’est pour cela qu’elle veut protéger sa fille du regard des autres, en lui conseillant de ne pas sortir le soir ou de fréquenter beaucoup de garçons : «  Ici, c’est mal vu pour une fille de se promener le soir. Si un homme a beaucoup de relations, ce n’est pas grave. Si une fille enchaînent les relations, elle peut vite être critiquée et rejetée par les autres. Je suis assez forte pour survivre à ça, mais pas elle.  » Jihad aborde ensuite la question du voile : « je n’ai jamais demandé à ma fille de porter le voile. A 15 ans, elle a décidé de le porter. Je lui ai dit de réfléchir et de décider ensuite. Si elle le veut vraiment, elle peut le porter, mais si elle ne le veut pas, je ne veux pas qu’elle se sente obligée de le faire.  » Elle conclue qu’être « une femme en Palestine, c’est à la fois être une femme et une mère. Ce sont deux choses différentes, voire opposées. En tant que femme, je suis assez forte pour subir les critiques, mais ce n’est pas le cas si cela concerne ma fille. »

Le Club sportif d’Anabta.

Anabta comporte un club de sports qui tente de se reconstruire après la Seconde Intifada et les inondations qui ont eu lieu en janvier 2013. Les soldats israéliens ont détruit la salle de fitness et d’aérobic en 2002 et les eaux ont abîmé le terrain de foot et cassé un des murs qui l’entourent.

Les volontaires sont accueillis par Saif Abu-Assal, nouveau président du club après les élections de mars 2013. Il n’y avait pas eu d’élections depuis 2008. Il est entouré par Ghabe Ismail, Thabet Nemry et Sameh, qui parle très bien français car il a étudié en Tunisie. Le club créé en 1993 reprend donc un nouveau départ : le centre de fitness et d’aérobic va être reconstruit, ils seraient intéressés pour envoyer une équipe à Bouguenais et ils veulent créer des équipes féminines de basket et de football. Il existe déjà de nombreuses filles d’Anabta qui jouent au basket à Tulkarem. Pour le football, c’est plus compliqué. En général, les filles n’aiment pas s’entraîner devant les garçons. Il faudra également réserver des jours spécifiques pour les entraînements des filles, que ce soit pour le fitness, le basket ou le football.

Près de 300 jeunes sont inscrits au club sportif, qui comprend une équipe de basket et trois équipes de football, deux de seniors et une de petits. Cette dernière comporte 70 enfants qui s’entraînent tous en même temps, deux fois par semaine. Les cours sont gratuits et les entraîneurs, une fille et un garçon, sont bénévoles. Malgré tout, les activités dépendent des fonds qu’ils reçoivent, que ce soit des gens d’Anabta ou d’organismes.

Les membres du club montre avec nostalgie des photos d’ « avant ». Avant la Seconde Intifada, avant la destruction de la salle. On peut voir que le club proposait des cours de judo et des activités culturelles (Dabkeh, théâtre, dessin etc). Il organisait également des camps d’été où les enfants faisaient ces activités.

Le Centre Wassel.

Le Centre Wassel est un centre national pour les jeunes que l’on peut retrouver dans plusieurs villes. Le président général est Mohamed Salama et le président du Centre Wasel d’Anabta est Soufiane Barakat, qui n’est pas présent aujourd’hui et que les volontaires rencontreront la semaine prochaine.

Le Centre Wassel est considéré comme étant l’organisme le « plus actif d’Anabta ». Il organise des cours de langues, des cours d’informatiques et d’autres activités. Par exemple, ce mercredi, une discussion entre filles a lieu à 17h pour parler de politique en Palestine.

Mais le plus gros projet du Centre Wassel est le festival Wadi Al-Shair qui a lieu chaque année dans la cour de l’école située à côté du Club sportif. Cette année, le festival aura lieu fin août et ils seraient très intéressés pour accueillir des musiciens de Bouguenais.

La mer.

Les jeunes et Sameh commencent à parler de la mer. Elle est située à environ 40 km mais ils ne peuvent pas aller la voir car ils doivent obtenir une permission. Ils peuvent sentir l’air salé et la distinguer du haut des montagnes, mais pas l’approcher. Sameh, quant à lui, ne peut pas y aller avant 2113. Ahmed, qui va à Bouguenais quelques jours plus tard, a les yeux qui pétillent quand on lui dit que Bouguenais est située à quelques kilomètres de l’Océan Atlantique.

Maxime, Marine, Sameh et les jeunes du conseil terminent leur journée par jouer au foot, voir les chevaux de Alaa et fumer une chicha de le parc municipal. En bref, encore une journée très agréable à Anabta.

Maxime et Marine

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