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La désolation du palmier

Publié le vendredi 7 mars 2014

Aujourd’hui, je suis allée à El Guettar. C’est dans cette petite ville de 40 000 habitants qu’est basée une association de théâtre, le théâtre d’El Guettar, partenaire de Mashed. Et plus que partenaire, les deux assoc partagent un membre du bureau ! On a rencontré Taher qui nous a emmener nous promener, Rom et moi, dans l’oasis d’El Guetar. Promenade atypique.

Aujourd’hui, j’ai déconstruis mon image de l’oasis. Avant, quand on me parlait d’oasis, j’avais en tête des images de palmiers verts et de points d’eau. Des images de lieu luxuriant, verts. Des images vues au Maroc il y a longtemps et peut-être embellies dans ma tête avec le temps.

Aujourd’hui, j’ai rencontré les palmiers désolés d’El Guettar. Pour accéder à l’oasis qui est en contre-bas du village, j’ai traversé une voie ferrée, celle qui achemine le phosphate extrait à Gafsa pour qu’il soit traité à Gabès. Sur les trois rails qui courent le long de l’oasis, un a été enlevé par des habitant-es en janvier 2014, au même moment où ils mettaient le feu au commissariat de police en signe de soulèvement.

Aujourd’hui, j’ai parcouru un chemin tout sec, au milieu de ce qu’il reste des palmiers. Même mort, un palmier reste droit et fier. Mais il n’a plus bonne mine … et là, ils n’ont pas bonne mine. Du tout.
L’oasis est longue de 7km et large de 1km au centre, elle est en forme de croissant. Elle est divisée en parcelle par familles d’El Guettar. Certaines familles continuent à entretenir leurs parcelles, à les faire vivre, d’autres pas. Certaines ont même planté des oliviers.

Mais la plupart des palmiers, et plus on s’éloigne de la ville plus c’est vrai, sont tout sec. Taher m’apprend qu’il y a quinze ans, ici on trouvait des fruits de toute sortes, et du vert.
Aujourd’hui, terre grise, voire blanche. Poussière. Pas trace de vie. Même pas de chiens.
Un paysage de désolation.

Et quand on arrive à l’opposé de la ville, la palmeraie donne sur une grande étendue arrêtée par des montagnes. El Guettar, ville au milieu des montagnes.
Oui, mais entre la palmeraie et l’étendue, on trouve un genre de déchetterie, lieu de stockage d’ordure. Selon Taher, la mairie aurait pour volonté de produire du gaz à partir des déchets. Rien n’est trop pourri pour faire de l’argent, au détriment de l’environnement et de la santé public.

Et l’effet causes à conséquences m’apparaît clair après avoir écouté Taher : L’extraction du phosphate pollue les sols et pompe l’eau des nappes, les oasis s’assèchent, les dattiers et autres produits agricoles meurent, les revenus de leurs propriétaires aussi … ou comment rendre les personnes dépendantes de l’extraction du phosphate.

Aujourd’hui, j’ai vu où finissent les palmiers de l’oasis d’El Guettar.
Ils chauffent les bains publics.

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