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Illustration d’un projet d’éducation populaire en palestine

Publié le dimanche 29 mai 2011

Le texte ci-dessous présente le contexte dans lequel s’inscrit le centre Nassij, association d’éducation populaire de Naplouse, il est écrit suite à une prise de note en anglais d’une présentation du centre Nasij effectuée par Y. et A., deux responsables de l’association. Ces présentations ont été faites entre le 17 et le 26 mai 2011)

Contexte

Le nouveau camp d’askar se situe à 3km du vieux camp d’askar. Ce dernier a été créé par l’ONU en 1958 pour accueillir les réfugiés de la Nakbah qui fuyaient la répression de l’armée israélienne. À cette époque de nombreux réfugiés espéraient encore pouvoir rentrer chez eux rapidement et n’ont donc pas voulu s’intaller dans le camp. Ils sont donc rester dans la ville de Naplouse et ses environs et ont continués à vivre dans des situations précaires : caves et autres logements insalubres. La Cisjordanie était alors sous l’autorité de la Jordanie. Quelques années plus tard, le roi Abdalla et l’Unrwa (antenne des nations unis pour les réfugiés de guerres et apatrides), ont discuter l’ouverture d’un autre camp pour accueillir les personnes qui n’étaient pas venu s’installer dans le premier camp et qui, le temps passant, n ‘espéraient pas un retour si proche. L’unrwa ne voulait pas reconnaître le nouveau camp d’askar comme un camp à part entière, mais le considérait comme une extension de l’ancien camp. Ce qui signifie qu’ils ne voulaient pas de nouvelle création de service publique : école, clinique… Le nouveau camp d’askar a donc été mis en place en 1964, situé à 3km du vieux camp dans lequel trouvait tous les services. Pour aller à l’école ou pour quelconque besoin les enfants et les habitants devaient donc quotidiennement effectuer ces 3km, de plus le nombre d’habitants ayant augmenter sans création de nouveaux services, les classes se trouvaient surchargées : 45 élèves par classe et la clinique incapable de répondre à tous les besoins. Y. insiste sur les conditions d’apprentissage et d’éducation : « comment un professeur peut faire attention à tous les enfants quand ils sont 45, si il prend le temps de faire une remarque par enfant alors il n’a plus le temps de faire cours » Cette situation a duré 40 ans.

Suite à une lutte des palestiniens, une école a été crée dans le nouveau camp d’askar et le comité populaire service (le CPS a une fonction équivalente pour un camp de réfugiés qu’un conseil municipal pour une ville) a donné un bâtiment à l’UNRWA pour mettre en place une clinique.

D’année en année, le budget de l’UNRWA diminuait, le nombre d’habitant du camp augmentait. Les mesures d’occupations : checkpoint, mur, colonie aux environs de Naplouse se développaient et le taux de chômage augmentait (pour plusieurs raisons, notamment parce que des palestiniens travaillaient de l’autre côté du mur et que le passage du mur est de plus en plus difficile, ne pouvant pas aller aller sur leur lieu de travail, ils le perdaient). Le CPS travaillait avec l’UNRWA pour résoudre ces problèmes mais la précarité du travail (pas de travail régulier, pas de projections), permettait au plus de couvrir les premiers besoins quotidiens. Y. insiste : « Imaginez un père qui se lève la matin et se demande comment il va nourrir sa famille dans la journée, imaginez son enfant qui part à l’école et qui lui demande de l’argent de poche… Comment va se sentir le père ? »

Les familles continuaient à vivre dans le camp et continue à penser au futur, au retour. De générations en générations, ils se transmettent les informations sur leur maison à Jaffa ou ailleurs, sur leur jardin, ils se transmettent la clé de la porte, prépare leur retour. Si on leur demande d’où ils sont, ils ne répondront jamais du camp d’askar mais toujours de leur village ou ville d’origine.

Les mesures de colonisations se sont développées, l’état d’Israël a pris le contrôle des ressources d’eau, des palestiniens ont dû arrêter de cultiver leurs terres, celle-ci ont donc été jugées inoccupées par Israël qui a établit de nouvelles colonies sur ces lieux. Colonies dans lesquels les israéliens ont dix fois plus de place pour y vivre que les palestiniens dans les camps, dans lesquelles ils ont un accès à l’eau et l’électricité illimités alors que ces ressources sont limitées dans les camps. Colonies illégales selon le partage des terres entre Israël et Palestine, colonies mises en place sur des terres appartenant à des palestiniens. Ce processus de colonisation n’ayant qu’un seul but, récupérer de plus en plus de terre et forcer les palestiniens à partir.

Rester et continuer de vivre est donc la seule voie pour les palestiniens, unique issue de résistance. C’est à dire faire face aux situations et problématiques quotidiennes. Y. explique « Je vais parfois en Europe pour échanger, expliquer la situation de la Palestine, mais je ne veux pas vivre là bas, je suis palestinien. Je ne suis pas contre les israéliens mais contre la politique de l’état d’Israël, j’accepte la création de deux états sur les frontières de 67, mais Israël n’en veut pas. Israël contrôle tout, jusqu’au mouvement de notre président et de notre autorité, s’il souhaite se déplacer, il faut qu’il ait l’accord d’Israël, c’est une blague !!! »

« Nous voulons pouvoir réaliser nos rêves, être libre, avoir un état. »

« Il faut que nos enfants grandissent dans une bonne atmosphère, qu’ils ne soient pas confronter à la violence, qu’ils puissent être « open mind » »

« Israël pense qu’un jour nous agiteront un drapeau blanc, mais non, nous résisteront, par toutes les voies légales, les résolutions internationales sont avec nous, nous avons le droit de vivre. Si des personnes peuvent partir ce sont les colons, ils peuvent retourner dans leur pays d’origine. »

Y. parle des récents évènements en Palestine (commémoration de la Nakbah, discours de Netanyaou, accord Fatah Amas…). « L’autre jour un palestinien a réussi à atteindre Jaffa, son village d’origine. C’est cela les ressources humaines que nous avons. Le fatah et le hamas font un accord car les gens en ont assez. En septembre nous annoncerons la création d’un état palestinien sur les frontières de 67 avec Jérusalem comme capitale et le droit au retour. Nous avons le droit de faire ça, nous le ferons, nous sommes prêt à faire face et affronter les problèmes. Même si Israël n’a pas donné les taxes des frontières à l’autorité palestinienne pendant 15 jours début mai pour signifier qu’ils contrôlaient nos vies.. »

Darna

En 1994, une délégation de suède vient à Askar, elle rencontre entre autre Y. et A. qui leur présentent leur projet d’ouverture d’une bibliothèque dans le camp. La langue d’échange est l’anglais même si les palestiniens le parlent difficilement à l’époque, comme l’explique Y., ils parlent arabe et hébreux (à cause de la colonisation), suite à cette rencontre ils se formeront sur l’anglais. Cette bibliothèque sera la première étape d’un long projet. Elle est importante car elle permet aux étudiants et aux habitants l’accès à la culture et à l’éducation. La délégation repart, sans rien promettre. Les palestiniens se mettent au travail sur ce projet, collecte des livres dans le camp, récupère un local de 20 mètres carré, des meubles de seconde mains et ouvrent la bibliothèque. Quand la délégation suèdoise revient l’année d’après, ils voient les résultats de se travaille et décident de les aider. Après leur retour en suède ils envoient une lettre dans laquelle ils s’engagent à soutenir financièrement le projet. D’années en années, quand ils reviennent, ils voient les activités du centre se développer. Y. explique « Si l’on reçoit de l’argent on s’arrange pour en récupérer d’autre, pour trouver d’autres moyens de faire avancer le projet. Même avec peu d’argent et même si cela ne couvre pas nos besoins on continue et développe nos activités. On continue car on doit le faire. ». La librairie a aujourd’hui déménagée et est dans les locaux du centre social, elle fait des projets avec l’école de l’UNRWA et accueille chaque semaine des classes.

Aujourd’hui le centre Darna a des partenaires en Angleterre, Belgique, France au Canada et en Suède. Des volontaires de ces différents pays viennent s’investir dans le centre, et à leur retour ils racontent ce qu’ils ont vus, vécus et communiquent.

Projet

  • Prévenir à toutes situations
  • Offrir des services à toute personnes : enfants, jeunes, hommes, femmes, parents, chômeuses et chômeurs
  • travailler en réseau pour renforcer ce travail

Ce projet s’inscrit dans un contexte d’occupation, Y. insiste en expliquant que si ils arrêtent ce sera une victoire pour Israël.

Structures dans le nouveau camp d’askar

Le kindergarden est une école pour les enfants de 2 à 6 ans, pour les préparer à aller à l’école. Il est ouvert du dimanche au jeudi de 7h30 à 13h et emploie une directrice, trois professeurs et un chauffeur (qui travaille sur l’ensemble des activités de Darna). C’est le seul « kindergarden » de Naplouse qui accueille des enfants en situation de handicap, il accueille 60 à 65 enfants, si les familles n’ont pas de quoi payer ils s’arrangent. Le principal est que les enfants viennent au centre, c’est une première réussite. Le centre propose de nombreuses activités : cuisine, anniversaire, apprentissage de mots, des lettres… Quand le centre a commencer à accueillir des enfants en situation de handicap, des familles d’enfants « valides » ont enlevés leurs enfants, aujourd’hui la situation a évoluée, le public est « mixte » et le nombre d’inscription augmentent.

Le centre de réhabilitation accueille des jeunes en situation de handicap et leur propose des activités en groupe mais aussi des thérapies individuelles et des activités récréatives. Un travail est aussi fait avec les parents sur l’accessibilité au centre (communication, ramassage des enfants par bus, les soins et la continuité entre le centre et la maison : formation des parents sur les gestes quotidiens et informations sur ce qui se passe dans le centre, dépistage du handicap), ce travail se fait entre autre sous la forme d’ateliers avec les parents. Des séjours sont aussi organisés l’été.

Un centre social, qui accueille différents publics et activités, par exemple un programme pour les femmes au chômage, afin de leur permettre d’avoir des revenus (créations d’objets artisanaux pour une vente en Europe)… Mais aussi depuis peu la création d’une école de foot qui devrait évoluer en école de sport pour les garçons et pour les filles. Trois groupes de danse ont aussi été mis en place, ces groupes font chaque années une tournée en Europe afin de promouvoir la culture palestinienne, l’échange et renforcer les partenariats.

Nasij

Présentation par A.

« Il y a deux ans Nasij s’appelait le centre Darna, en Arabe Nasij signifie broder, c’est le but de notre association, faire du lien. »

En dehors du camp d’Askar, l’association Nasij met en place d’autres types d’activités : tourisme solidaire, guest house, économie solidaire dans la vallée du jourdain, appui aux associations et aux projets collectifs ou individuels « capacity building »…

L’association développe une stratégie d’auto financement. A. explique : « En ce moment nous nous auto subvenons sur 50% de nos besoins, d’ici 2 ans nous voulons pouvoir nous financer par nous mêmes à 70% » « En effet, quand on reçoit de l’argent de l’extérieur nous sommes moins libre dans nos projets, les bailleurs veulent choisir les projets que nous voulons développer… » Aujourd’hui, les 50% restant du budget de l’association sont donnés pas les partenaires internationaux et par l’autorité palestinienne (par exemple 6000$ pour les projets d’échanges de l’été).

Dans la vallée du jourdain, un atelier de fabrication de fromage et de yaourt va donc se développer. A. explique la difficulté du travail là-bas : « Les agriculteurs n’ont pas l’habitude de s’organiser, ils ne voient pas l’intérêt d’une association. Ils faut donc faire un double travail d’explication et de mise en place. » À Naplouse, le centre nasij veut peaufiner sa guest house et créer un restaurant.

A. explique que l’association fonctionne avec beaucoup de volontaires, il dit que c’est la force de l’association et précise qu’un volontaire c’est quelqu’un qui vient pour participer à un projet, qu’il n’accepte pas les volontaires qui ne veulent pas participer au projet ou qui ne viennent que pour se faire de l’argent. Il développe en expliquant que dans le contexte actuel les salaires se font parfois attendre, mais que les personnes continuent à travailler, que le projet continue.

Il développe son propos en comparant le travail d’une ONG et de l’autorité palestinienne, il nous explique que quand il était jeune il était plus dans la voie politique, qu’il avait fait de la prison, mais qu’aujourd’hui il pensait que la politique et les partis ne travaille que pour eux. En contre partie, il explique que les ONG ont un réel pouvoir, qu’ils sont comme un état à l’intérieur de l’état et qu’ils agissent pour la population.

D’après les notes de jb

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