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Témoignage de Fitna, sortie de prison lors de l’échange de prisonnierEs

Publié le mercredi 9 novembre 2011

En 2006, F. est rentrée en prison, et a été condamnée à 15 ans, pour avoir tenté d’enlever un soldat israélien ( dans le but d’un échange de prisonniers). En octobre 2011, lors de l’échange de prisonniers, elle sortira, après 6 ans d’enfermement.

Nous la rencontrons 2 semaines après sa sortie, elle nous parle de sa détention mais aussi de Am., qui était avec elle dans la cellule, et qui vient aussi du camp de Askar, à Naplouse.

Am. a des problèmes de santé, ceux ci on commencé en prison. Depuis 4 ans, elle n’a pas reçu de soins, a fait des allers retours entre la prison et l’hôpital. Les seuls soins qu’elle a eu sont des somnifères, et médicaments qui lui faisait perdre la mémoire.

Elle est atteinte d’un cancer de l’utérus, et avait régulièrement des hémorragies. L’autorité israélienne refusant de lui donner la quantité suffisante de serviettes hygiéniques, elle était contrainte de déchirer des habits, comme substitu.

F., elle a des problèmes aux yeux, elle ne peux pas voir de loin. Cela est dû aux coups qu’elle a reçu au niveau des yeux, par l’autorité israélienne. Elle a aussi des problèmes de dos. Depuis Janvier, elle demandait a rencontrer quelqu’un, avoir un rendez-vous pour régler celui ci. Le rendez-vous était reporté, à chaque approche de rendez vous….Elle avait des anti douleurs pour calmer ces maux….

Elle nous parlera des conditions de détention.

Elle partageai sa cellule avec 13 autres femmes, dans un peu moins de 20 m². La cellule ne reçoit pas de lumière extérieur, il n’y a pas de ventilateur, c’est très humide, et il y avait beaucoup d’insectes.

Dans le mitar, les lits sont en béton, c’est encore plus humide, et la possibilité d’avoir de l’eau ou encore des cigarettes, de la nourriture, de sortir se faisait au bon vouloir du surveillant.

Les visites n’étaient autorisées que pour la famille du premier degré, et même pour ces personnes ça n’était pas facile d’avoir le droit de visite ( permission pour rentrer en Israël, puis fouille avant d’entrer dans la prison….).

Elle a eu sa première visite, après 4 ans d’emprisonnement….

La vie au sein de la prison

L’organisation de la journée se faisait de manière à « Profiter de chaque instant pour faire des choses ensemble, vivre ensemble »…

Il y a avait du temps pour lire, faire du sport, faire de la cuisine, discuter autour de questions « de culture générale ».

3 fois par jour, il y avait l’Appel. C’était le moment pour les autorités de vérifier l’état de la cellule, « voir si un tunnel n’avait pas été creusé ! », et voir à quelle heure était prévue leurs siestes, afin de venir les réveiller à ce moment là.

F. nous dira qu’elle a appris à parler un peu anglais, à mieux lire l’arabe pendant ces 6 ans.

Elles avaient accès aux informations par la TV et la radio, mais certaines chaînes étaient bloquées. Elles pouvaient avoir 5 chaînes arabes, 2 russes et 3 israéliennes.

Mais n’avaient pas , par exemple, Al Jazeera.

Ces derniers mois

En septembre, un mouvement - de grève de la faim - des prisonniers s’est lancé, pour avoir une amélioration des conditions de détention et de visite.

Leurs revendications étaient / sont : fin de l’isolement, plus de fouille à nu ( autant pour les prisonnierEs, que les personnes qui viennent rendre visite), le droit de porter des jeans, de s’habiller comme illes veulent, et d’avoir le coran… avoir des conditions de vie descentes !

Cette grève a presque duré 1 mois, à l’intérieur des prisons mais aussi dans différentes villes de la Cisjordanie, dans presque toutes les villes, il y avait une tente de soutien où les gens venaient échanger, s’organiser, et faire la grève de la faim.

La grève s’est arrêtée au moment de l’échange de prisonnier, une partie des revendications étant dans l’accord d’échange.

Lors de l’annonce de l’échange, et donc de la possibilité de sortir, les premières infos qu’elles ont reçues « toutes les filles allaient sortir », puis que « seulement 27 sur 36 ».

Dans sa cellule, 2 personnes ne sont pas sorties, n’ont pas été libérées.

Entre le moment de l’annonce de la libération et celle-ci, elles ont été rassemblés dans de toutes petites cellules, sans matelas, menottées de 6h du matin à minuit.

Ils et Elles étaient, et sont encore considéréEs comme des terroristes.

Elle nous dit qu’elle sait qu’elle est surveillée mais pour l’instant ne les voient pas, ou alors ce sont des personnes qui sont autour de moi, qui donne des infos, me surveille….

Elle terminera par nous dire, les changements qu’elle peut voir entre le moment où elle est partie en prison et son retour ici.

Elle voit beaucoup d’écolier-E-s, d’étudiantEs aller à l’école, il y a des centres pour les accueillir après l’école.

Ces choses, et mouvements étaient peu présents quand elle a été emprisonné, car c’était encore sous invasions, sous attaques…

Nous l’avons rencontré, il y a une semaine. Depuis, l’armée israélienne est venue en nombre dans le camp de Askar. Ils sont venus fouiller sa maison, frapper ses frères, son oncle, détruire des choses à l’intérieur de celle-ci…mais aussi dans la maison de Am. …

D’autres prisonnierEs libérés pendant l’échange, qui sont autoriséEs à sortir du territoire, et qui voulaient aller à la Mecque pendant cette période d’ Aïd, n’ont pu le faire « pour des raisons de sécurité ». Encore un autre exemple, Am. pouvait être accueillie dans un hôpital en France, mais les autorités israéliennes ont refusé sa sortie…

PS(1) - 11 novembre 2011 : http://www.maannews.net/eng/ViewDetails.aspx?ID=435876

PS(2) 15 novembre 20011 : Am. a demandé il y a quelques jours, l’autorisation de sortir de Palestine, pour le biais de l’Autorité Palestinienne, pour se faire soigner en Jordanie. Aujourd’hui la réponse qu’elle a reçu est négative : « elle peut recevoir les soins dont elle a besoin en Israël ».
Am. refuse de se faire soigner en Israel : par choix politique et elle ne leur fait pas confiance car ils/elles ne lui ont pas donné les soins nécessaire lors de sa détention….
Des organisations luttant pour le respect de droits de l’Homme, des dirigeants politiques, leader de partis palestiniens vont se réunir pour réfléchir aux moyens de pression sur Israël, contacter les gouvernements Jordanien et Égyptien…
http://www.maannews.net/eng/ViewDetails.aspx?ID=436831

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