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Demande de titre de séjour à Gafsa, ou les 12 travaux d’Astérix revisités

Publié le dimanche 8 juin 2014

Nous sommes deux volontaires à être à Gafsa pour 6 mois.
Arrivés sur place, nous nous sommes interessé-es au « Comment obtenir un titre de séjour ? », car oui, à l’arrivée on nous tamponne un visa touristique de trois mois.
A en parler avec les copain-es, plusieurs versions nous sont proposées :
- aller faire un aller-retour en Algérie dans la journée, le temps d’y manger un couscous.. En réalité aller en Algérie entant que français ca veut dire demander un visa en amont, et puis surtout, en réalité l’un comme l’autre avons des visas israéliens sur nos passeports, donc ça élimine clairement l’option Algérie.
- les semaines amendes : tu payes 10/15€ par semaines hors visa passée sur le territoire tunisien lorsque tu le quittes. Eh oui, on reste des français avec un passeport rouge et plein de privilèges. Mais après un vécu compliqué en matière de visa/douane/aéroport, bien que cette option soit viable, elle ne me rassure pas. Et puis le jour ou les tunisien-nes pourront faire pareil en France on en reparlera.

Parallèlement à ces réflexions, nous nous lançons dans le parcours officiel et découvrons les joies de l’administration gafsienne.
Nous faisons une première tentative de passage au commissariat pour « signaler notre présence » comme nous l’a demandé indirectement le gouverneur, et pour lancer une procédure de demande de visa.
Premier échec : bien que les week-ends soient samedi et dimanche ici, les administrations sont fermées le vendredi après-midi. On se fait donc non-accueillir, les rustres gaillards ne comprennent pas bien ce qu’on fait là. Un flic sort sa mobylette de son bureau. Ils sont armés et ont des tronches hostiles. On se surprend à insister pour rentrer dans le commissariat alors que ce lieu nous fait horreur à l’un comme à l’autre… drôle de situation.
Le lundi qui suit, nous faisons notre deuxième tentative. On se fait accompagner dans un tout petit bureau au premier étage. C’est le bureau où on parle des étrangers résidents à Gafsa. Des vieux dossiers papiers ornent les murs : « résidents algériens, résidents libyens, résidents européens... »
Le monsieur qui nous reçoit ne semble pas comprendre : « travail ou tourisme ? » … La réponse est volontariat. Ça ne lui convient pas, il n’a pas l’air de connaître. Une femme se joint à lui. On fini par utiliser la carte « Volontaire de Solidarité Internationale de la région Pays-de-la-Loire », une jeune femme qui vit ici depuis un an, Melle C. Alors tout le monde connaît Melle C. Et quand tu dis que tu fais plus ou moins la même chose que Melle C, ça semble rassurer.

Et à compter de ce jour (ou après encore un ou deux passages..) c’est la course aux papiers qui commence. Du contrat de location au contrat de volontaire, en passant par le timbre fiscal …
La quête de chacune des pièces du dossier connaît son anecdote ! Du timbre fiscal que les potes nous conseillent d’acheter à la poste parce que c’est un timbre … du contrat de volontariat dont l’original est à Nantes … du contrat de location qu’il faut signer devant un fonctionnaire de la mairie entant que locataire et de même pour le propriétaire trentenaire qui ne fera aucun effort, mais alors aucun du tout, allant jusqu’à perdre le document arguant que c’est sa maman qui l’a perdu… des photos d’identités qui se font par 4, mais c’est évidemment de 5 dont nous avons besoin pour le dossier … ! Et concernant les contrat de location, n’étant pas la femme de R (oui oui, on ne nous a pas demandé si on était mariés, mais on a bien demandé à R si j’étais sa femme.. bel instant plante verte) nous avons du faire deux papiers distincts, donc deux fois plus pénible à gérer avec le proprio !
Les 12 travaux d’Astérix terminés, nous ramenons le fruit de notre course aux papiers au commissariat… évidemment, il en manque un ou deux.

Deux jours après, c’est bon. Tout y est. Monsieur Nasser va s’occuper de nous.
Ah non, il doit discuter avec une collègue, asseyez-vous, je m’occupe de vous dans deux minutes.
Discussion en arabe entre lui et sa collègue. Illes s’excusent de parler en arabe, mais ils finissent de parler d’un autre dossier avant de s’occuper du notre. Grand sourire de nous deux. En réalité, illes sont en train de débattre sur les forfaits de téléphoniques les plus avantageux du moment !!! Mais il est tellement inconcevable pour beaucoup de personnes ici que des français-es apprennent l’arabe et le comprennent … !

Enfin, c’est à nous.
Monsieur Nasser sort son plus beau bic, son tube de colle, ses fichettes en bristol et son tampon en bois.
Je passe la première … En gros, il s’agit de remplir plusieurs fois de suite les mêmes fiches avec son état civil et celui de ses parents, suivi scrupuleusement par Monsieur Nasser qui pose le doigt au début de chaque ligne où tu dois écrire. Vague retour en enfance.
C’est là que le bas blesse.
« Lieu de naissance du père : Maroc »
« Nationalité du père : française »

… on part sur de la complexité ! Monsieur Nasser ne comprend pas. Il ne comprend pas parce qu’en informel quelques minutes plus tôt il m’avait demandé si j’étais française-française ou bien française-autre. Ce à quoi j’avais répondu française-française.
Alors quand je remplie la ligne « lieu de naissance du père », il commence a me dire « ha bah tu vois, t’es moitié marocaine » … mais je le perds complètement en inscrivant « française » dans la nationalité.
Alors là, situation plutôt cocasse … je me retrouve à envoyer les mots France, passé, colonisation, protectorat, Algérie, Tunisie … Je suis seule à ramer, et je rame ! Il finit par prendre un drôle d’air de celui qui comprend pour qu’on passe à autre chose.

Nous devons repasser deux heures après pour avoir la signature du grand chef. On va les avoir nos titres de séjour provisoire !

Pas loupé, le grand chef me relance sur cette histoire de nationalité … mais lui comprend biennnnn plus rapidement et il ne fait pas semblant. Alors il explique à Monsieur Nasser dont le visage s’illumine de compréhension d’un coup !

Et nous repartons de là avec nos titres de séjour provisoire … les « vrais » on les aura dans 2 ou 3 mois … date à laquelle nous quitterons la Tunisie !
Mais avoir ce titre de séjour en carton m’aura bien rassurée pour partir une semaine en France et revenir en Tunisie avec moins de stress quant aux douanes, qui n’en ont strictement rien à faire. Là encore, je suis une française en Tunisie, je pourrais bien faire un aller-retour par semaines qu’illes ne me demanderaient pas de justification pour sur.
Merci encore Israël pour ce traumatisme de l’aéroport, du visa et du douanier.

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