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Entre deux vies (Gafsa - Nantes)

Publié le jeudi 26 juin 2014

Les cafés de Gafsa, où l’on trouve généralement quelqu’un avec qui parler cinq minutes, une demi-heure, ou plus. Les commerçants que tu connais peu mais qui te saluent généralement avec un peu d’entrain, et parfois beaucoup. La fraternité (et la sororité) dans les contacts entre les personnes dans la rue, la main sur l’épaule, dans le dos. Le temps étiré à l’infini, où l’on finit par être certain que rien de très nouveau n’arrivera, et où l’on apprend à donner de la valeur aux menus détails de la routine. La galère de la plupart des copains et des copines, leur quasi-renoncement à penser au futur, à prévoir des choses qui n’ont pas vraiment de chances d’aboutir.

Les rues de Nantes, où tu peux marcher une heure ou deux sans rencontrer des têtes connues. Les concerts, les spectacles, les cinémas, les activités associatives, un peu partout. Les vies bien remplies des copains et copines leurs préoccupations concernant leur travail, leurs amitiés et leurs amours. Les tenues courtes des femmes dans le centre-ville, cette année ça a l’air d’être la mode du mini-short. Les piétons qui marchent sur les trottoirs, les routes qui n’ont pas de trous, la végétation un peu partout. Le peu de conversation engagées avec des inconnu-e-s. La difficulté à comprendre ce qui est commun à toutes ces personnes qui font leur vie dans la même ville mais ne partagent ou n’échangent pas grand chose.

Entre Gafsa et Nantes, à Tunis

Une impression de décalage entre ces deux vies, ces deux réalités. L’envie de comprendre ce qui crée ces différences, ces écarts. Les retrouvailles avec l’ambiance de Gafsa en traînant dans certains kebabs, et certains quartiers de Nantes, ceux où l’on parle un peu arabe, où l’on discute de tout et de rien, et où les perspectives d’avenir enthousiasmantes font généralement défaut. L’envie de relier ces deux mondes, de rendre poreuses les frontières qui les tiennent à distance. C’est certain qu’on a chacun nos vies, nos façons d’être au monde, nos préoccupations et nos plaisirs. C’est évidemment difficile d’aller vers les autres, de chercher à comprendre comment ils et elles vivent, et de dire en retour qui l’on est.

Nous vivons tous dans nos communautés (de famille, d’ami.e.s, de camarades, de collègues, de connaissances...). Le retour à Nantes, c’est pour moi le retour dans ma communauté habituelle. C’est aussi l’impossibilité de renoncer complètement à ces liens avec ma communauté de Gafsa, avec cette vie que nous avons partagé pendant deux mois, et que nous partagerons encore un peu cet été. La fidélité à cette expérience dépasse les frontières de Gafsa et de la Tunisie. Elle m’invite à dépasser les contours de ma communauté, à chercher à rencontrer celles et ceux qui dans ma ville ont peu ou prou le même quotidien que les gens de Gafsa. Pas en prétendant pouvoir aider : entrer en contact, découvrir, échanger. Et voir ce que nous pouvons faire de nos points communs et de nos différences. Ce n’était pas facile à dire, ce n’est probablement pas facile à faire non plus.

Fabrice

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