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Qui ne veut ni voir ni savoir

Publié le dimanche 6 juillet 2014

Qui ne veut ni voir ni savoir, ne verra rien et ne saura rien, bien qu’IL soit partout.
IL ?
Le phosphate, si tu ne veux pas le voir, tu ne le vois pas, œillères bienvenues. Et si tu ne sais pas et que tu ne veux pas savoir, c’est possible aussi.

Qui ne veut ni voir ni savoir, restera dans le nord du pays et sur les côtes du nord.
Qui ne sait ni ne veut savoir, ne se demandera pas d’où vient (en partie) l’argent qui fait vivre ce nord et entretient ses côtes de rêves.
Qui ne veut pas savoir ne fera que passer par Gafsa sans s’y arrêter, comme les cars touristiques qui rallient Tozeur à Tunis.
Qui ne sait pas ne s’offusquera pas de la traversée quotidienne de la ville par 400 camions remplis de phosphate.
Qui ne sait pas et ne veut pas savoir ne se demandera pas pourquoi la ville de Mdhilla est une voie sans issue.
Qui ne sait pas ne verra pas l’industrie du phosphate sur le port de Sfax, mais une zone industrialo-commerciale comme une autre.
Qui ne veut ni voir ni savoir , contournera le bassin minier, cette région fantôme, pour rejoindre les décors de Star Wars à Tataouine ou l’île de Djerba.
Qui ne sait pas ne verra pas les oasis dévastées par l’exploitation des sols pour l’extraction du phosphate.
Qui ne veut pas voir ne sentira pas l’odeur si particulière qu’est celle de villes comme Redeyef, ou Metlaoui par exemple, d’où on extrait le phosphate.
Qui ne veut pas savoir ne se demandera pas pourquoi les personnes de la région souffrent de problèmes de santé conséquent, que ce soit le cœur, les os et dents, la peau et son célèbre cancer… quand il-les ne sont pas né-es avec des malformations.
Qui ne sait pas ne se demandera pas pourquoi ici on ne boit pas l’eau du robinet.
Qui ne veut pas savoir ne saura pas que le phosphate participe allègrement et principalement de la mainmise et de la colonisation économique en cours par des états comme la France, sur la Tunisie.
Qui ne sait ni ne veut savoir ne verra pas que ce phosphate qui détruit une population, la nourrit également contrainte et forcée, car ce monstre est le plus gros employeur de la région.
Qui ne sait pas ne verra pas le renoncement d’une partie de la population à lutter contre cet ennemi national et international à la fois, qui lui permet de vivre, de survivre, tout en l’occupant et en l’occupant.

Qui ne veut ni voir ni savoir, ne verra ni ne saura rien de cette région oubliée d’oublié-es du bassin minier.

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