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A proximité variable

Publié le mardi 22 juillet 2014

C’est la triste histoire de ce qui se passe à côté de chez nous ! Appelez ça comme vous voulez : une offensive militaire, une agression, un massacre, un crime... Mais pas une guerre ! Ca non ! Ce ne sont pas deux armées qui s’opposent, c’est un peuple sous les bombes d’une armée. Démesurée. Celle d’un état se voulant être une démocratie, la seule du coin il parait. Pfff mon oeil ! Si on veut parler de démocratie, allons faire un tour dans les camps de réfugiés. Ici ça en a déjà plus l’air. Pas de police, du coup les règles sont collectives. Pas d’autorité supérieure, juste du bon sens, de l’entraide, de l’auto-organisation... Malgré des conditions difficiles, ça transpire la bonne humeur... Souvent.

Seulement souvent parce que justement, ici, l’autre « démocratie » est parfois de passage avec ses bottes et ses armes à la main. Puis quand elle n’est pas là, elle pourrit quand même la vie, elle contrôle l’accès à l’eau, les déplacements... Puis elle bombarde là-bas. Des bombes face auxquelles ils ne peuvent rien. Dans une bande de terre aussi densément peuplée, essayer de les éviter, c’est comme essayer de courir entre les gouttes de pluie lors d’une grosse averse d’automne. En tout cas, c’est l’impression que ça donne, l’impression que donnent les chiffres et l’impression que donnent les images !

Ce conflit, du coup, c’est aussi celui d’ici. Réfléchis, c’est le même pays ! Et on y attache de l’importance ! Etrange sensation pour moi qui ai toujours refusé les frontières, ce qu’elles représentent, leur histoire et celle des Etats qu’elles dessinent par chez nous... Là-haut ! Mais ici, des frontières, on en cherche parce que bien-sûr celles d’aujourd’hui sont mouvantes. Puis même si elles étaient fixes, on n’en voudrait pas. Alors le drapeau qu’on brandit dès qu’on peut, il veut dire qu’on continue à exister, que les terres qu’il reste, on va les garder puis qu’on récupèrera celles qu’on avait. Elles seront nôtres, sûrement différemment. On le sait ici que ça ne sera pas comme avant. On en discute. Mais on garde l’espoir.

Un espoir malgré tout profondément teinté d’impuissance. On fait grève, on jette des pierres, on manifeste, on essuie les tirs de lacrymos et parfois les tirs de balles. On essaye de se battre, de survivre mais vu la situation ce n’est pas suffisant... Alors on expire, on réfléchit à ce qu’on peut faire. Affalé dans un canapé on s’en veut mais on ne peut pas faire plus ! Alors on s’en veut d’autant plus. On aimerait bien faire l’inimaginable, le pire, on a envie de répondre à la violence par la violence. Parce que celui qui nous a tout pris nous y force. Mais malgré tout ça, on a peur, peur de la répression et d’être encore plus silencieux face à tout ça. C’est vrai, qu’est-ce qu’on peut dire derrière des barreaux infranchissables qui nous coupent du monde extérieur... Et merde !

Puis, il y a nos autorités. Elles aussi, elles essayent de nous murer dans le silence. Tu comprends, il faut être bien vu par ceux qui ne vivent pas ici, les puissants, eux aussi ils sont en partie responsables de toute façon... De la crédibilité. Un bien joli mot pour de bien nombreuses conneries. Ce n’est pas la crédibilité qui libérera les prisonniers, qui lèvera le blocus ou qui arrêtera les colonies. C’est la résistance ! Celle-là même que cette foutue crédibilité tente d’étouffer.

On s’en fout, on veut continuer à faire du bruit. Se révolter, les insulter tous, crier tout ce qu’on a. A en perdre la voix. Le silence c’est ce qu’il y a de pire en ce moment... C’est comme si à cause de lui, le bruit des bombes pouvait être perçu. Mais on est loin d’eux donc on n’entend pas ce qu’il leur arrive. On voit sur nos écrans, on lit dans nos journaux. Quoi qu’on veuille, on reste séparés par l’assaillant, l’occupant... Celui dont on voudrait qu’il n’existe pas. L’horreur ! Et on garde la tête sous l’eau, bien profond. Parce que géographiquement ce n’est pas très loin et surtout parce que ce sont nos oncles et tantes qui y vivent, nos cousins et cousines puis même si ils ne sont pas de nos familles, on les connait. Alors émotionnellement c’est vraiment tout près.

La boule au ventre de plus en plus grosse, ce soir on remet le keffieh, on a RDV tout près ce coup-ci. Devant leur mur. A force d’y venir, il finira bien par tomber puis un jour on commencera une vie normale. Comme avant. On espère...

C.

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