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Barrages au service du militaire

Publié le mercredi 6 août 2014

Récit d’une discussion sur le service militaire tunisien. Deux amis me racontent de leur place, comment ca se passe et ce qu’ils en pensent.

Aujourd’hui , un ami m’a raconté sa peur du moment. Un appel a été lancé par le gouvernement qu’après l’Aïd, il ferait un recrutement pour le service militaire, afin d’endiguer le terrorisme en Tunisie, suite aux derniers attentats, notamment celui de la caserne de Kasserine en juillet qui a fait 14 morts.

Ils me précisent qu’en fait, il s’agit de rafle, ou de barrage. Je m’explique.
Le service militaire est obligatoire pour tous les hommes en Tunisie. Ils sont censés recevoir une convocation et se rendre dans les plus brefs délais là où on leur demande de se rendre, ca peut être dans n’importe quelle caserne du pays. Si ils ne s’y rendent pas, faute grave. Ils risquent un procès en cour de justice militaire, avec un service plus long en guise de punition.

Le service militaire, qu’est-il réellement ?
On me parle de 3 mois d’entraînement, appelé « torture » par un des copains. Courir avec des sacs remplis de pierre dans la boue à 5h du matin, par exemple. Les 9 mois restant, les hommes se retrouvent à faire de la peinture pour le gouvernorat ou autres travaux publics. Les copains comparent ça à des Travaux d’Intérêt Généraux. À 80DT par mois (35€) par tête en guise d’indemnité, c’est une main d’œuvre à prix défiant toute concurrence pour un gouvernement qui se refuse à créer des emplois rémunérés pour effectuer ces travaux.

Mais en plus des convocations, tous les trois mois, et ce pendant 15 jours, on assiste à des barrages policiers dans la ville. Ils contrôlent les papiers. Si tu as moins de 35 ans, que tu n’es ni marié ni père, et que tu n’as pas fait ton service, tu es susceptible de te faire embarquer directement à la caserne. Sur le champ. Tu pars chercher le pain et tu reviens un an plus tard.
Dans le même genre, il me raconte que dans des villes de moindre ampleur, on assiste à des rafles militaires au café ou dans l’espace public. Contrôle des papiers, si tu n’as pas la carte qui justifie que tu as effectué ton service, tu peux te faire embarquer immédiatement. Sur le champ. Tu va boire un café entre potes, tu ne reviens qu’un an après.
Tu peux même ne revenir que 18 mois ou 2 ans après, si tu ne te tiens pas bien sur les 12 premiers mois.

Ils me donnent l’exemple d’un ami qui vivait en France, qui avait son visa et son billet d’avion sur lui, il était à Gafsa en vacances … vacances qui se sont transformées en service militaire.

Ou comment faire régner un climat de terreur dans les rues, comment encourager les jeunes à se marier dès que possible, comment c’est encore les moins riches qui payent le prix fort faute d’avoir les moyens de se marier.
Comment briser des projets, créer des sans-emplois.
Tous les hommes de la société doivent donner une année de leur vie au moins à l’état.

Les copains me disent aussi qu’il n’y a pas de justice, que les femmes ne le font pas. Pour eux, les militant-es féministes ont pris trop de place et on ose plus atteindre les femmes. Alors que si c’est bien l’égalité qu’elles veulent, elles doivent écoper des mêmes droits et devoirs, me disent-ils.

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