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Droit au(x) retour(s)

Publié le jeudi 9 octobre 2014

La question du droit au retour se discute beaucoup ici. C’est une revendication essentielle pour les réfugié-e-s de la Nakba mais aussi pour le peuple palestinien dans son ensemble !

Pour bien comprendre ce que ça concerne, il faut revenir rapidement sur un événement de l’histoire de la Palestine. La Nakba ! La catastrophe si l’on traduit... Ce mot a tout son sens parce qu’il définit ce qui s’est passé en 1948, à la fin du mandat britannique sur la Palestine. L’armée sioniste de l’époque, la Haganah, entreprend avec l’aide de groupes d’extrême-droite aussi militarisés qu’elle, une série de crimes collectifs et d’expulsions de Palestinien-ne-s.

L’objectif est clair même s’il n’est pas ouvertement affiché. Repousser les frontières de l’Etat juif en construction, voté par l’ONU contre l’accord de tou-te-s mais surtout expulser les non-juifs de cet Etat pour ne pas qu’il perde sa raison d’être. Le résultat est une catastrophe si l’on permet l’euphémisme. Entre Jerusalem et Tel-Aviv (Al-Quds et Tel Arabia) et dans le nord du pays principalement, ce sont par centaines de milliers que les palestinien-ne-s se retrouvent sur les routes pour fuir les atrocités. Au final plus de 700 000 personnes seront "déplacées" et 90% des villages palestiniens seront détruits. La Nakba !

Ces 700 000 réfugié-e-s se rendent à Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie ou encore au Liban et en Syrie. Ils, elles s’installent d’abord dans des tentes pensant bien sûr vivre une parenthèse éphémère mais petit à petit, leur sort se fige dans le béton, le matériel. Dans du concret. Avant tout, parce que l’ONU loue les territoires sur lesquels ils, elles se sont installé-e-s pour une durée de 99 ans comme si c’était une évidence que le problème des réfugié-e-s soit un problème à long terme ! Ensuite parce que des shelters sont construits, des petites pièces d’à peine quelques mètres carrés pour chaque famille dans laquelle on mange, on dort et on essaye de vivre. Enfin, ce sont les réfugié-e-s eux-mêmes et elles-mêmes qui figent leur situation. Sans aucune responsabilité, simplement rattrapé-e-s par un besoin de confort, ils, elles construisent. Les maisons s’élèvent et s’agrandissent, les routes se rétrécissent et la surface des camps, aujourd’hui petites villes, n’a pas évoluée alors que le nombre d’habitant-e-s s’est décuplé !

Malgré ça, ils, elles revendiquent tous le droit au retour. Le droit aux retours. Le droit au retour parce qu’ils, elles revendiquent avant tout et historiquement le droit de rejoindre leur village, de récupérer leur maison et leur vie d’avant. Celle où ils,elles n’étaient pas obligé-e-s d’entendre le voisin ou la voisine à moins d’un mètre quand ils, elles sont sous la douche ou en train de se reposer. Mais pour les plus jeunes générations, le sens n’est plus le même : retourner dans un village qu’ils, elles n’ont pas connu a une valeur symbolique bien sûr. Elle signifie avoir fait tomber l’occupation ! Mais ce qu’ils, elles veulent avant tout, c’est traverser la Palestine historique ! Avoir le droit de se déplacer, celui d’aller voir la mer sans avoir besoin d’une autorisation bien trop souvent refusée par l’occupant. Ils, elles veulent le droit aux allers et venues sur une terre dénaturée par la culture occidentale qui n’a pas sa place ici. Le droit aux retours comme ils, elles le disent pour actualiser une revendication vieille de plus d’un demi-siècle.

Aujourd’hui, les réfugié-e-s se sont installé-e-s comme ils-elles ont pu. Les camps sont devenus des fourmilières géantes. Par exemple, à Dheisheh, plus de 13000 personnes vivent sur moins d’un kilomètre carré. Une vie dont les conditions matérielles poussent à la résistance contre l’ennemi. Une vie où l’on apprend l’entraide et la gestion collective parce que la seule autorité qui vient dans les camps, c’est l’armée israélienne pour réprimer et emprisonner. C’est donc collectivement qu’on discute de ce que l’on peut faire ou ne pas faire, la vie est régulée par des règles comprises et respectées par tou-te-s. Tout appartient au collectif, y compris les murs extérieurs des habitations utilisés pour s’exprimer par des peintures toutes plus ou moins politiques.

Finalement, entre deux souffles, certain-e-s avouent qu’ils, elles ne sauraient pas où aller si la revendication du droit au(x) retour(s) aboutissait. Ça ne remet pas en cause le fait de se battre pour, bien au contraire mais ça exprime juste l’idée que le camp, c’est leur construction individuelle, qu’ils, elles y sont depuis leur plus jeune âge. Ils, elles s’imaginent se déplacer librement mais n’imaginent pas quitter définitivement le camp et tout ce qu’il représente.

C.

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