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Habitudes

Publié le jeudi 27 novembre 2014

Habitudes. Ce dont on ne s’étonne plus, ce qui fait partie du paysage commun qui nous entoure.

Mes habitudes ici, je les chéris.
Les trajets tout autour de la Palestine, ses maisons aux toits plats, dispersées parmi les oliviers, entre deux flancs de montagnes caillouteuses. Ces mêmes oliviers, aux branches sinueuses, dessinant des formes jamais symétriques, jamais semblables, chacun ayant son histoire de plusieurs centaines d’années. Les tentes de fortune des bédouins, mystérieux endroits isolés mais visibles en bord de route.

Et puis cette langue que je redécouvre et dont je retombe amoureuse à chaque retour de 48. Quel délice de regoûter à cette habitude orientale ! Langue aux sonorités fortes, profondes, dures et authentiques. Aux significations poétiques, romantiques et bienveillantes. A l’écriture fluide, comme une partition, indéchiffrable comme un hiéroglyphe.
Les repas partagés dans une générosité hors-pair et engloutis à la va-vite. Le pain qu’on me redonne avant même que j’ai terminé le premier, ces petites bouchées pour goûter à tout, mais surtout au zatar !
Les maisons où l’on passe du temps en tant qu’invitées, re-invitées et re-re-invitées, au point qu’elles deviennent aussi un peu nos chez-nous. Leur décor fastueux, leurs murs découpés en arches, ouvrant sur un mobilier modeste. Les multiples salons et canapés où l’on se prélasse pendant des heures autour d’un thé, d’une cigarette, oubliant la notion du temps et de ce que signifie « être occupé ».
Les enfants aussi, leurs « hello ! how are you ? » à longueur de journée. Leur franc-parler, trop franc parfois, leurs attitudes de petits adultes, débrouillards bambins que l’éducation et la rue façonnent.
Ces habitudes, à des années lumières de celles de ma vie en France. Et pourtant, je souhaite qu’elles me restent un peu à mon retour.
Je veux des grands plats pour faire goûter le maklube. Je veux une théière élémentaire mais efficace, avec du maramiyé dedans pour parfumer le thé et soigner les bobos. Je veux manger du zatar avec de l’huile d’olive locale, mise à l’arrache dans une vieille bouteille de soda. Je veux garder des mots d’arabe dans mon langage, je veux écouter les chansons dont je ne connais pas les noms mais que j’aime fredonner. Je veux savoir ne rien faire d’autre que d’apprécier un moment en famille sur le canap’. Je veux continuer de dire « mish moushkilé » quand mon rendez-vous est en retard. Je veux donner cette chance aux enfants de grandir par eux-mêmes, d’en faire des êtres animés, vivants, souriants et peut-être un peu téméraires. Je veux garder de toi, Palestine, en moi.

A.

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