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Après les attentats, quelles réactions ?

Publié le jeudi 5 février 2015

CEMEA Pays de la Loire

Nous ne voulions pas réagir dans l’immédiateté afin de nous laisser aussi un certain temps pour réfléchir, prendre du recul par rapport à ces événements du début de l’année. A suivre les évolutions de l’actualité et l’ensemble du traitement médiatique, il semble important d’essayer de tenir une position un peu moins en prise avec l’émotion. Nous pensons, en effet, que l’usage de l’émotion et son détournement comme vecteur de décision relève plus de processus populistes que de pratiques lucides et sereines nécessaires dans un fonctionnement démocratique.

Les CEMEA Pays de la Loire condamnent les attentats de Janvier 2015, au nom de la liberté d’expression, de pensée et d’associations.
Notre position s’appuie sur la volonté de défendre une certaine conception de la liberté d’expression et de la presse qui ne peut être dissociée des possibilités de penser, de critiquer, de s’associer, de manifester ou même de faire grève.
Effectivement ce sont des droits qui sont bafoués dans le Monde, ici et là-bas. La liberté d’expression reste encore un France un droit à conquérir, en particulier pour les CEMEA – en tant que mouvement d’éducation - pour les mineurs dans les écoles, collèges et lycées, les centres de loisirs, dans l’espaces publics. Cette liberté d’expression dépasse donc les seules questions de la presse nationale. Elle doit pouvoir se vivre aussi dans tous les lieux collectifs et institutions, au travers d’espaces où l’on peut s’exprimer et décider sur ce qui nous concerne, réaliser des écrits, formuler son point de vue même critiquer...

Cette condamnation des attentats ne doit pas pour autant éviter les débats et les critiques qui ressortent de la situation. Ainsi malgré l’appel à « l’union sacrée », sacré qui est proprement un terme renvoyant au religieux, nous ne pouvons pas céder à la tentation de mettre de côté les débats et les réserves qui doivent se mettre en œuvre après le choc émotionnel et médiatique.
- La réaction émotionnelle est sélective, de part les éloignements, l’habitude que l’on peut avoir autour d’évènements qui se répètent . Ainsi on ne s’indigne pas de la même façon pour tous les morts. Par exemple, les médias n’ont que peu traité du massacre par Boko Haram de 2000 personnes au Nigéria en Janvier de cette année ou des SDF morts au cours de ce même mois… Cela peut s’expliquer …
- Ces événements accentuent encore la stigmatisation de l’étranger et plus particulièrement de la communauté musulmane. La recrudescence des actes racistes ne font que témoigner d’une réalité qu’il convient de ne pas nier et de combattre.
- La réaction aujourd’hui se centre autour du renfort des lois sécuritaires qui ont des impacts bien au-delà de la lutte anti-terroriste. Le réflexe sécuritaire reste de mise. A Nantes par exemple une mineure de 14 ans a été mise en examen ce mercredi 14 Janvier par un juge des enfants pour apologie du terrorisme, après avoir menacé lundi des contrôleurs dans le tramway de "sortir les kalachnikovs". La réponse nous semble disproportionnée mais de plus elle est d’une réelle inefficacité éducative, mais dans une fonction symbolique tout aussi inefficace. Globalement la réponse sécuritaire prédomine car elle a entre autres le mérite de rassurer. Dans la réponse à donner aux événements il y a un réel débat sur les priorités à donner avec d’un côté le tout sécuritaire, la répression et de l’autre l’éducation et le social.

La réponse aux propos racistes, aux provocations violentes... doit être éducative.
Notre réponse éducative se construit autour de plusieurs axes :
- Créer des espaces d’échanges et de débat et permettre aux jeunes et moins jeunes d’avoir les clés de compréhension de l’histoire, des histoires, de l’histoire sociale et géopolitique du monde. Cette histoire ne peut en aucun cas nier l’histoire et la réalité du colonialisme au risque de renforcer logiquement certaines ruptures communautaires.
- Proposer des temps d’éducation aux médias et permettre aux jeunes et moins jeunes d’avoir les capacités de lecture critique des médias.
- Permettre une expression libre de tous et toutes dans les différentes institutions éducatives (formelles et non formelles) La permettre et l’autoriser ne suffit pas. Il convient d’organiser des démarches qui la permettent, qui la suscitent, qui donnent les moyens de cette expression libre.
- Replacer l’éducation comme vecteur d’un vivre ensemble. La répression, le tout sécuritaire est la symptôme d’une politique qui a échouée. Il convient donc de privilégier l’éducation, et une éducation émancipatrice qui ne peut se construire sur des postures et des enseignements normalisant (apprendre la Marseillaise, se lever quand l’enseignant entre dans la classe...) L’éducation nouvelle, l’éducation populaire, l’éducation émancipatrice cherche le respect, mais un respect qui se construit, qui s’approprie par l’expérience d’une vie sociale (la socialisation n’est pas la normalisation) Il convient de poser un cadre, des règles mais aussi de les réfléchir, de les expérimenter, de construire une intelligence collective et démocratique au sein de l’institution éducative (école, centre de loisirs...) Certaines instances éducatives (réunions d’enfants, conseils…) doivent être des espaces de régulations des conflits (conflits institutionnels ou de personnes), d’élaboration des règles (dans le cadre de ce qui est et doit être négociable...) En ce sens la parole, la réflexion et l’intelligence collective doivent être les premières réponses aux violences, et qui ne peut que s’inscrire dans la durée.

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