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Le poids des habitudes

Publié le samedi 1er août 2015

Texte écrit le 4 décembre 2014, quelques jours après mon retour en France en décembre, qui a toujours autant de sens aujourd’hui, plus de 3 mois après la fin de mon expérience en Palestine.

Rentrer à la maison après 6 mois en Palestine et retrouver les mêmes habitudes et les mêmes réflexes laissés ici, est saisissant, effrayant.

La saveur du beurre salé, du pain frais et du croissant le lendemain matin de mon retour, j’en ai rêvé et une fois qu’elle s’est retrouvée dans ma bouche c’était comme si elle n’avait jamais disparue. Comme si hier matin j’avais mangé la même chose, comme si tous les matins je mangeais la même chose depuis 6 mois.

Dormir dans mon grand lit, confortable, seule dans cette énorme chambre, sans bruit, je l’attendais avec impatience. Désormais j’appréhende le moment où je me couche et où je pense aux copainEs en Palestine.

6 mois dans un pays à la culture et au rythme de vie si différents, aux habitudes qui me paraissaient étranges en arrivant, ne prennent pas le pas sur 25 ans d’éducation et de socialisation en France, dans ce pays où la nature de ton activité salariée et ta rémunération mensuelle déterminent qui tu es.

Après quelques jours en France, j’ai déjà envie d’écouter de la musique arabe, d’entendre le muezzin, de voir les copainEs, de prendre le taxi à Naplouse, de me marrer avec mes colocs, de manger du zaatar, de parler arabe… Les habitudes de là-bas qui ressortent : vouloir prendre une couverture quand j’ai froid, prendre un morceau de pain pour manger dans mon assiette, ne pas mettre ma ceinture en voiture, vouloir parler en arabe aux gens à qui je dis bonjour, merci ou pardon, dire hamdoulilah à la fin du repas.

Avoir l’impression d’avoir fait un bond de géant, d’avoir grandi, changé, évolué et se retrouver chez soi comme si rien n’avait changé.

Lorsque l’on est plongé dans un environnement qui nous est complètement étranger il nous faut développer notre capacité d’adaptation et ne pas avoir peur d’avancer à l’aveugle. Mais une fois revenue là où on a grandi et passé le plus de temps, parler uniquement notre langue maternelle, on trouve cela facile, tellement facile que cela devient presque ennuyant.

Un sentiment de tristesse m’a envahie depuis que je suis rentrée, comme si une partie de moi n’était pas là, mécanisme certainement normal du retour. Je sens un vide immense, cette partie de moi « que j’ai réveillé là bas », comme m’a dit A. mon amie volontaire, et qu’il faut que j’arrive « à ramener ici maintenant ».

Palestine je t’ai dans la peau.

Eloïse

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