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Les chats de Jérusalem

Publié le lundi 11 mars 2013

Moi, quand je pense à un chat, je pense à un animal plutôt sociable, même si farouchement indépendant (en tout cas en principe), vivement facilement au milieu des humains. Une bestiole flemmarde, qui adore glander au soleil en plein milieu d’une rue.

Les chats de Jérusalem, ils sont pas vraiment comme ça. Déjà, on les croise par paquets, par meutes de trois, quatre, cinq ou même plus. Là où c’est le plus impressionnant, c’est la nuit. Vers minuit, au détour d’une ruelle de la vieille ville, on peut voir des boules de poils toutes maigres au regard tranchant qui protègent une poubelle qu’ils sont en train de piller. Dans ces moments-là, même si les animaux en face de nous font moins de cinquante centimètres, on flippe, parce qu’ils ont l’air tout sauf aimables.

Un autre élément intriguant, c’est leur aspect physique : ils sont tous fins, très maigres mêmes, tout en muscles et en poil rêche. En meute, ils ressemblent à une bande de rebelles, à un équipage de pirates crasseux qui recherche un bateau quelconque à piller pour un peu de butin.

Leur butin, ce sont les restes de nourriture qui traînent, les fins de sandwichs jetées par les touristes ou les soldats israéliens, et, surtout, les poubelles. Poubelles d’hôtels, poubelles de restaurants, poubelles de particuliers, tout y passe. La période de quelques heures entre le coucher du soleil et le passage des tracteurs des éboueurs est une période d’activité intense pour les groupes de chats qui partent en chasse pour récolter l’essentiel de leur repas de la journée. Quand on se ballade à ce moment-là dans la Vieille Ville, on croise au moins une fois deux ou trois bandes de félins qui s’écharpent autour d’un amas de déchets.

Ce qui me semble le plus frappant avec les chats de Jérusalem, c’est qu’ils n’ont pas peur des humains, mais qu’ils les évitent. Ils longent les murs, ils taillent leur route, ils évitent les grands axes pour habiter les ruelles étroites, bref c’est un peu comme si cet ancien souk était le maquis de ces rebelles à moustaches, le labyrinthe qui leur offre protection et discrétion. Ils veulent bien co-habiter avec nous, mais avec un contact minimum, dans une tension et une méfiance perpétuelle.

En fait, les chats, ils savent. Ils ont compris qu’ici, c’est souvent la loi du plus fort qui triomphe, qu’il faut se méfier constamment, que les murs ont des oreilles, les toits et des caméras et les policiers en civil des talkies-walkies.

La nuit, à Jérusalem, il n’y a pas plus un chat, il n’y a plus que les chats, parce que l’ordre israélien ne s’étend pas encore aux chats, parce qu’ils réussissent, eux, à contourner le couvre-feu implicite qui tombe sur la Vieille Ville en même temps que le soleil se couche. Ils réussissent à esquiver les patrouilles, à se cacher dans les ruelles et à narguer les soldats qui passent. Les chats de Jérusalem, ils ne sont pas encore sous occupation.

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