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Un BAFD Franco-tunisien au 102 !

Publié le dimanche 25 mars 2018

Du 19 au 27 mars, se tient à Nantes, un BAFD franco-tunisien organisé par les Ceméa Pays de la Loire. 11 stagiaires issu-e-s de l’animation socio-culturelle en France, 10, de deux structures partenaires des Ceméa en Tunisie : Mash’hed et le CCAB. Comme à chaque fois, cela commence par des retards d’avion mais tout le monde est là le premier jour à 10h pour le début officiel du BAFD.

Cette formation est nouvelle, on tatonne, on avance, parfois vite, parfois plus lentement mais on se forme. De fait, cela soulève des questions. Quelques unes sont évoquées ici :

- La prise en compte de la langue :

Nos langues premières ne sont pas les mêmes, la formation se tient principalement en français que les Tunisien-ne-s parlent mais nous avons choisi de mettre en place de la traduction lors de certains moments et d’individualiser la traduction sur des moments de travaux en petits groupes. De plus, nous avons construit des groupes de référence non-mixtes permettant ainsi aux tunisien-ne-s d’exprimer leurs ressentis et leurs bilans de journée dans leur première langue parlée, l’arabe, et d’être à l’aise et en confiance sur ce qu’illes souhaitent dire dans cet espace.

- Des réalités de l’animation socio-culturelle différentes :

L’animation en Tunisie n’est pas la même qu’en France et c’est tant mieux... Le statut d’animateur-trice ou de directeur-trice volontaire n’existe pas en Tunisie. Malgré que nos partenaires soient dans une démarche de plaidoyer pour la reconnaissance de ce statut, cela change fondammentalement le rapport à l’animation enfance-jeunesse sur nos territoires.

En Tunisie, l’intervention de l’État dans le champ de l’animation se fait aussi sur les questions pédagogiques. Ce dernier intervient dans la programmation des activités et sur les projets portés par les maisons de jeunes. Le stage permet à l’ensemble des stagiaires de faire émerger leurs intentions éducatives, leurs conceptions pédagogiques et de définir quel-le directeur-trice illes ont envie d’être. Se pose donc la question pour les camarades de Tunisie de comment illes peuvent mettre en pratique leurs intentions personnelles dans l’animation si l’État leur laisse une marge de manœuvre réduite.

A l’inverse, il n’y a pas de réglementation spécifique aux accueils collectifs de mineur-e-s en Tunisie. Difficile donc de vivre des temps de législation en commun. Et pourtant sur les questions de responsabilité, tout est-il si différent ?

Des temps de transfert pour les stagiaires de Tunisie permettent d’évaluer leurs besoins spécifiques et proposent de les questionner sur l’adaptation des contenus de la formation à leur contexte spécifique.

- Une rencontre interculturelle riche :

On a commencé par se regarder, se jauger, comprendre… Il n’était pas annoncé aux stagiaires francais-e-s que des Tunisien-ne-s seraient aussi présent-e-s sur la formation. Ca bouscule au début certain-e-s mais au final, quelques démarches favorisant la rencontre le premier jour puis les premiers travaux de groupe en commun viennent créer du débat pédagogique. Les stagiaires de Tunisie apportent aux autres et inversement. Finalement, les stagiaires se mélangent, se rencontrent, s’apprennent mutuellement. On se met à chanter dans les deux langues et à écrire son prénom avec l’alphabet de l’autre. Il reste trois jours et déjà, on nous dit que cela enrichit la formation. C’était aussi ça un des objectifs.

- En guise de conclusion :

On tatonne, on découvre nous aussi, équipe de formation. On adapte une formation à un groupe mixte, interculturel. On parle de prise en compte des besoins des individus dans la vie quotidienne et on y est confrontés en réalité. Des rythmes de sommeil différents, des régimes alimentaires qui varient… On permet des espaces de parole et on essaye de traiter les demandes.

On retravaille les démarches. Il y a trop de texte, trop de lectures en français sur le BAFD. On s’adapte et on utilise d’autres support. L’oral est plus simple que l’écrit. On permet l’écriture en arabe et la relecture se fait à l’oral. L’important est que l’on comprenne mutuellement les contenus de la formation et que cette formation fasse sens dans sa pratique que cela soit en France et en Tunisie.

Certain-e-s auraient pu imaginer un BAFD au rabais, il va falloir prendre du temps, accompagner parfois plus fortement, traduire… Ils auraient bien tort ! D’autres, dont je fais partie pensent que ce BAFD est d’autant plus intéressant et formateur. Les croisements de regards et d’approches, les réalités culturelles et sociales des stagiaires viennent traverser la formation, la nourrir et l’embellir. Il y a des pleurs parfois... Mais ce sont des pleurs de soulagement, de relachement. L’interculturel n’est pas un frein. Bien au contraire, il est un enrichissement, un atout pour tou-te-s dans la formation et plus largement dans notre compréhension du monde et de ses évolutions.

C’est aussi de cela qu’il s’agit quand on parle d’éducation populaire !

Camille.
Membre de l’équipe de formation.

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