SILWAN

Cet après midi, j’ai fait un plongeon dans la réalité.
Une réalité qui tache, qui fait mal, qui inquiète et qui rend triste.
J’ai eu la sensation de tomber dans une spirale infernale et d’y rejoindre des personnes qui y ont été aspirées de force.
Ils sont nés ont grandit et sont morts dedans.
Ils se sont marié, ont ri, souffert, sont devenus parents dans cet espace fourbe et violent.
C’est un endroit où le temps n’existe pas. Où le rêve n’a pas sa place et les choses futiles telles que le voisinage sont source d’angoisse et de haine.
Ici on est exproprié par son voisin et l’Etat dans lequel on vit qui prône une justice aveugle et séparatrice.
Ici on ne part pas en vacances de peur de ne pas retrouver sa maison au retour.
Ici les enfants jouent comme tous les enfants du monde à reproduire leur réalité et la vie de leurs parents.
Ils se battent et évoluent dans une violence inouie, ils parlent de politique comme des adultes et rêvent de voir la mer.

C’est un endroit ou les gens sont forts.
Ils résistent.
Ils créent.
Ils espèrent...

Eux, ce sont les Palestiniens et aujourd’hui ils nous ont parlé de leur quotidien.
Malgré notre préparation ces récits m’ont éclaté en pleine figure et je me sens révoltée.
Révoltée face à cette injustice normalisée, face à mon impuissance et à la ségrégation.

Aujourd’hui et pendant deux mois nous partons à la rencontre des ces personnes.
Aujourd’hui, je prend la mesure de ce que veut dire être en Palestine.

Cléo.