Dans ma petite bulle naplousienne, elle arrive malgré moi, cette sensation. Celle de flotter dans un discours à peu près uniforme, et de toiser, à travers une pellicule déformante, ce que sont les territoires et le peuple israéliens. Et pourtant j’y suis bien, dans cette atmosphère confinée et homogène. Elle est enveloppante cette bulle, nul besoin de remise en question, les couleurs sont saisissantes de vérité. C’est cela, et rien d’autre.
Pourtant il va falloir la percer. Pour qu’elle n’existe (...)
En partant en SVE en Palestine pour 9 mois les contraintes étaient claires, au bout de 3 mois nous devrons sortir du territoire pour tenter d’obtenir un nouveau visa de 3 mois. Arrivée dans le 3ème mois, cette contrainte qui me paraissait abstraite devient belle et bien réelle avec son lot d’angoisses et de questions. Comment vais-je réussir à mentir à des soldats israéliens sur ce que j’ai fais pendant 3 mois ? Qui plus est, ces mêmes soldats représentant désormais à mes yeux des acteurs de (...)
La Palestine. J’avais entendu parler de cet endroit, sans trop savoir ce qui s’y passait, sans trop savoir où c’était, sans trop savoir ce que c’était. Avant que je parte, un collègue de travail de mon père lui a dit « mais pourquoi tu dis qu’elle part en Palestine ta fille, ça n’existe pas ! ». Comment ça la Palestine n’existe pas ? Aux CEMEA ils m’ont bien parlé d’un SVE en Palestine et pas ailleurs. J’irai donc faire un volontariat dans un pays qui n’existe pas ?
Maintenant je peux le dire : la Palestine (...)
Me faire traiter de « pute » dans la rue ne m’était jamais arrivé auparavant et en arabe encore moins. Je rentrais de Human Supporters, l’association où je suis volontaire. J’étais seule comme tous les jours, en tee-shirt mais ce n’était pas la première fois. Un groupe d’hommes, 5 ou 6, je n’ai pas vraiment fait attention, a commencé à me parler en anglais « Hi, Hello, How are you ? », ça j’y suis habituée même si ça m’énerve. Comme à mon habitude je ne prête pas attention à ces interpellations et continue (...)
Je réfléchis depuis un moment pour chercher à comprendre ce qui nous lie, tous les quatre, et avec tous les autres volontaires qui s’en viennent ici, s’isoler dans une bulle épaisse et noire, qui partent vivre un autre quotidien que la facilité de l’occident. Renonces aux bières en terrasses avec tes potes d’enfance, renonces à tenir la main de ta copine dans la rue et à l’embrasser dans le cou, renonces à la possibilité d’être heureux tout le temps.
La vie que nous constatons ici, qui n’est pas (...)