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Publié le Friday 8 April 2016
Après six mois passé au Sénégal, je m’interroge de plus en plus sur la position de la femme et des jeunes dans la société. Après avoir beaucoup constaté et pensé, j’attendais de voir ce qu’allait donner la Journée de la Femme dans ce système polygamme.
Quand on est une femme et que l’on vit quelques mois au Sénégal, il est impossible de ne pas prendre position. Parfois, on ne sait plus comment réagir face à une mentalité misogyne ancrée dans le système et dans l’esprit de la masse. C’est très difficile d’échanger sur la condition de la femme dans des temps non-mixtes. D’abord, le foyer repose sur les épaules de la mère, donc très peu de temps libre pour discuter. De plus, la femme n’est valorisée que dans sa condition ménagère et sa fonction de mère – ce qui constitue une barrière solide pour échanger entre femmes dans une dynamique de remise en cause.
Toutes ces problématiques ont été d’autant plus visible lors de la journée internationale de la Femme ce 9 mars 2016.
Au lycée de Ndiaganiao, le club d’élèves EVF (Education de la Vie Familiale) a organisé une matinée de spectacle et d’échange. Pour commencer, chaque représentant du lycée ainsi que le maire se sont exprimés sur ce que représente cet événement. Premier constat : aucune femme en poste à responsabilité. Les Groupements de Femmes de la localité n’étaient pas présents non plus.
On a donc assisté à des discours très lyriques sur la beauté de la femme, qui donne la vie et porte le foyer à bout de bras, en somme cette journée a été une éloge à la femme. On a entendu très peu de paroles progressistes, les mots « égalité » et « émancipation » n’avaient pas de sens. Cette journée aurait pu être l’occasion de sensibiliser les étudiant.E.s sur la question de leurs droits. Souvent, le problème est que des lois sont faites mais très peu de femmes ont connaissances de ces lois et encore moins sont en mesure de comprendre les textes. Ces derniers sont ratifiés en français et ne sont pas traduits. Dans ce cas, même si des lois existent, la discrimination sociale persiste.
Pourtant, les étudiant.E.s ont joué plusieurs scènes portant sur l’histoire de grandes femmes au Sénégal telles que Mariama Bâ, malgré les fréquents éclats de rire du public, les membres du club se sont investis avec sincérité dans cette journée.